Quand l’allaitement est douloureux (parlons-en ;-)
Par Aurelie
15 mai 2019
On parle souvent de l’allaitement comme d’une expérience merveilleuse, et une fois que la lactation est bien lancée et que le rythme est trouvé, c’est souvent le cas. On parle peu des débuts de l’allaitement et nombre de jeunes mamans sont surprises de la douleur que l’allaitement peut occasionner. Désolée mais je vais casser le mythe : allaiter, ça fait super mal au début.
La première tétée, la fameuse « tétée de bienvenue » en salle d’accouchement ne fait pas mal. C’est tout doux, peut-être parce que vos seins n’ont pas encore compris ce qui les attendaient, ou parce que vous êtes encore sous l’effet de l’euphorie de l’accouchement ou de la péri…C’est agréable, mais c’est pour mieux contraster avec ce qui vous attend après, mon enfant.
La salive du bébé + une position de la maman ou du bébé pas toujours optimales + vos seins qui n’ont pas l’habitude = (souvent) : douleur, crevasses, hypersensibilité.
Pour Louis, j’y étais allé un peu free style : j’avais de la crème Lansinoh dans mon sac (sur les conseils d’une copine, et heureusement) je m’étais dit que je l’utiliserais « au cas où ». Le verdict ne s’est pas fait attendre : au bout de quelques tétées, j’avais des crevasses. J’ai donc dégainé mon tube, mais un peu tard, et j’ai morflé.
Pour Garance, j’ai anticipé : tartinage de Lansinoh systématique après chaque tétée, pas de crevasses, mais côté douleur, ça n’a pas changé grand-chose : j’ai morflé. Les premières pressions de la bouche du bébé sur le sein sont horribles, un éclair de douleur, je mordais mes doigts pour me focaliser sur autre chose le temps que ça passe. Je comprends complètement qu’on puisse, à ce stade, laisser tomber, se dire que ça fait trop mal, tant pis pour l’allaitement.
A côté de ça, on a souvent des sage-femmes avec des conseils bidons, qui font de leur mieux avec ce qu’on leur a appris, mais qui n’ont jamais allaité elles-mêmes, alors côté expérience et empathie, on repassera…
Histoire de rajouter de la douleur (mentale) à la douleur physique, on vous sortira peut-être que votre bébé est un nullos qui ne sait pas téter, que vous n’avez pas de lait, que vous le mettez trop souvent au sein, ou pas assez, vous voyez bien qu’il a faim, nan mais il est encore au sein, faut respecter un écart d’au moins deux heures avant chaque tétée, oh elle a pas tété et ça fait 5 heures, c’est pas bien, réveillez-là, le maximum c’est 4 heures…
Bref on ne sait plus qui croire, comment faire, ça ajoute à la frustration, on se dit que l’allaitement, c’est pas si cool, que ça va être une merde inextricable et qu’il vaudrait mieux filer un bib’ là tout de suite avant que ça devienne ingérable (ça tombe bien, ils en ont sous la main qu’ils peuvent vous donner en 30 secondes top chrono – c’est le temps qu’il faut pour anéantir votre motivation à allaiter et passer à côté des supers moments de l’allaitement. Car oui, à ce stade, on ne s’en rend pas compte, mais il y en a 😉
Et puis vient la fameuse montée de lait. Ce qui d’un côté est une bonne nouvelle : vous avez de quoi nourrir bébé. Non parce que vu le nombre de femmes à qui on dit par facilité qu’elles n’ont pas de lait et qui y croient, il semblerait que les seins français ne soient pas très performants en matière d’allaitement. Vous avez presque l’impression d’être une privilégiée : vous avez du lait, youpi.
Très rapidement vos seins vont prendre du volume, allez bim deux tailles de bonnets, et devenir comme de la pierre. Tu te demandais ce que ça faisait d’avoir les nichons de Pamela Anderson, voilà ta réponse. Et tu te dis que JAMAIS tu ne passeras au silicone.
Je vous le donne en mille : c’est douloureux. Y’a trop de lait là dedans bordel, d’un coup vous pourriez nourrir tous les gamins du couloir de la mat’. Et le tien qui roupille depuis des heures et qui n’a pas l’air motivé pour désengorger un peu tout ça…(Ne culpabilisez pas, vous pouvez le réveiller pour qu’il vous soulage un peu 😉 Encore une fois vous allez vous dire : mais comment je vais faire avec ces seins en pierre, je ne pourrais plus jamais dormir sur le ventre, rentrer dans mes tee-shirts. Et voilà re-bim, tu sens une décharge électrique dans tes seins, tu sais que le lait arrive, que tu vas avoir de jolies auréoles lactées sur ton tee shirt rose clair dans une minute trente, alors tu cherches fébrilement de quoi éponger…
Bon maintenant que je vous ai bien fait flipper (ça ne se passe pas pour tout le monde comme ça, mais après avoir comparé mon expérience à celles des copines, il y a quand même de bonnes chances pour que cela vous arrive et que vous n’y soyez pas forcément préparée si c’est votre premier bébé), je passe à la partie ++, et si vous ne deviez retenir qu’une chose de cet article, ce serait celle-là : ça ne dure pas.
La douleur va passer, la production de lait va se réguler, et après vous pourrez profiter. Ça va durer quelques jours (interminables) durant lesquels il faudra s’accrocher, et après, ça va rouler. Une sage-femme m’avait résumé ça comme ça (et je trouve sa reflexion très juste) : c’est comme le cuir des chaussures, faut le temps que ça se fasse.
Alors en attendant que ça se fasse, voici quelques astuces pour minimiser le mal :
– Crème Lansinoh à appliquer dès la première tétée. J’avais tendance à en mettre trois tonnes mais cela crée une sorte de macération qui n’aide pas à cicatriser, une fine couche, ré-appliquée régulièrement, suffit.
– Si vous n’avez pas de Lansinoh, une goutte de lait maternel (aux propriétés apaisantes) sur les tétons peut dépanner.
– Pour lutter contre l’engorgement, une bonne tétée 🙂
– Si bébé n’est pas motivé, vous pouvez extraire un peu de lait sous la douche en pressant, ou avec la technique du verre (Très franchement je trouve que c’est lent, compliqué, et qu’on n’extraie pas grand-chose)
– Sinon, utilisez un tire-lait mais attention il entretient la lactation. En gros plus vous tirez, plus vous produisez de lait, donc c’est un peu le serpent qui se mord la queue. Ne tirez qu’une petite quantité (ex 20 ou 30 ml) juste pour soulager la douleur.
– Deux produits que je n’ai pas testés mais qui ont leurs adeptes : les coquillages d’allaitement qui apaisent la douleur, et les coussinets apaisants chaud/froid de Lansinoh.
– Si les douleurs persistent plus de 15 jours, sachez qu’elles peuvent être dues à un frein trop court dans la bouche de bébé ou à une mauvaise position de bébé.
– Enfin je n’ai jamais fait appel à eux mais je le ferais sans hésiter si un jour j’ai besoin d’aide : la Leche League peut vous aider pour allaiter au mieux et ne pas abandonner votre motivation !
Si vous avez connu les douleurs de l’allaitement, n’hésitez pas à partager vos astuces en commentaires pour aider les autres mums !
Si le sujet de l’allaitement vous intéresse, foncez lire ces articles 🙂
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C'est vrai que l'allaitement peut être douloureux au début, à mettre en place. Alors je crois vraiment, comme tu le soulignes, que d'être accompagnée par des professionnels formés (conseillère en lactation, leche league…) peut réellement être salvateur !
Oh oui… Les premières semaines de l'allaitement ont été une vraie épreuve pour moi aussi ! Mes crevasses étaient en passe de dégénérer et mon homme m'a rappelé que je lui avais fait acheter des bouts de sein en pharmacie. J'ai longtemps refusé de les utiliser mais quand je m'y suis mise, en quelques jours mes crevasses ont disparu et nous avons pu commencer une nouvelle aventure d'allaitement serein ! Et comme tu le dis c'est tellement beau lorsque les douleurs du début ont disparues ! Pour les compresses chaud/froid, j'en ai testé des Avent et ça ne m'a pas du tout aidé… Mais ça dépend peut-être des personnes.
J'ai allaité mon petit garçon 29 mois et j'ai eu quasiment une mastite par mois… De quoi lâcher l'affaire plus d'une fois. Mais j'ai tenu bon ! 🙂
Je n'ai pas encore d'enfant mais je souhaite faire mon possible pour pouvoir l'allaiter, le jour où j'en ai un.
Même si ça n'a pas l'air évident du tout !
A très bientôt,
Marie
http://www.bonjoourmarie.fr
J’ai travaillé 37 ans comme auxiliaire puéricultrice en maternité. J’ai donc accompagné un certain nombre de mamans dans leur premiers pas sur le chemin de l’allaitement. C’est vrai que le démarrage peut être laborieux et douloureux mais il y a des professionnels passionnés (ça existe !) à qui il ne faut hésiter à demander conseil.. Participer à des réunions sur l’allaitement dans le cadre de la préparation à la naissance, toutes les maternités en proposent surtout celles labellisees “amie des bébés”.
L’allaitement est gage d’une relation privilégiée avec votre bébé mais il faut savoir que la maman doit être motivée et ne doit pas allaiter sous l’influence de qui que ce soit sans quoi la réussite de cette expérience sera mise à mal..
Je reste persuadée qu’il vaut mieux donner volontiers un biberon plutôt que d’allaiter sous la contrainte !
Je suis tout à fait d’accord avec toi ! Le bon choix est celui qui rend les mamans et leurs bébés épanouis, il n’y en a pas un mieux que l’autre. J’ai participé des cours de préparation à l’allaitement mais malheureusement je trouve que ça ne préparait pas vraiment à la réalité des choses. Disons que je n’ai pas vraiment trouvé d’oreille compréhensive dans le corps médical, heureusement ça ne m’a pas empêché de mener à bien mon allaitement 🙂